Transhumance électorale à Ntoum : un bond de 750% d’électeurs qui n’étonne plus personne !

Les bizarreries des locales et législatives ne manquent pas au Gabon avec un fichier électoral volontairement manipulé en haut lieu par des mains noires. À Ntoum, la démocratie locale tangue sous le poids d’un scandale électoral sans précédent. Entre les élections législatives de 2018 et celles de 2025, le nombre d’électeurs inscrits dans le 1er arrondissement est passé de 470 à plus de 4 000 au seul centre de l’école publique, soit une hausse vertigineuse de 750 %. Un chiffre qui défie toute logique démographique et qui, pour de nombreux observateurs, traduit un cas flagrant de transhumance électorale — une pratique vieille, mais rarement assumée.

Les habitants du quartier Nfoulayong, épicentre de la polémique, n’en reviennent pas. En 2018, le secteur ne comptait qu’un seul bureau de vote regroupant environ 240 électeurs, auxquels s’ajoutaient les 230 inscrits du bureau voisin de Meyang. Sept ans plus tard, ce sont huit bureaux qui accueillent plus de 4 000 votants. Une hausse jugée « absurde » par les citoyens, qui soupçonnent des transferts massifs d’électeurs orchestrés par certains acteurs politiques. « Nous ne sommes pas dupes, c’est une manipulation des listes pour faire pencher la balance », dénonce Fidèle Assoumou Ella, porte-parole du collectif Le Gabon c’est chez nous, Meyang c’est moi cité ce jeudi par L’Union.
Une pratique contraire à la démocratie locale
La transhumance électorale, consistant à déplacer artificiellement des électeurs d’une circonscription à une autre, n’est pas un phénomène nouveau au Gabon. Mais à Ntoum, son ampleur inquiète. Les habitants dénoncent une stratégie concertée visant à truquer la représentativité électorale au profit de candidats influents. « Les urnes ne reflètent plus la volonté du peuple, mais celle de quelques notables qui déplacent des électeurs comme des pions », s’indigne un enseignant du quartier.
Un riverain attirant l’attention sur cette situation
Cette situation viole directement les articles 3 et 59 du Code électoral gabonais , qui garantissent la sincérité du scrutin et l’égalité des citoyens devant le suffrage. Les contestataires réclament un audit complet du fichier électoral du 1er arrondissement avant toute proclamation définitive des résultats. « Nous exigeons que la CNOCER fasse la lumière sur cette dérive. Il ne s’agit pas d’un simple incident, mais d’une fraude institutionnalisée », martèle Assoumou Ella.
Le silence des autorités, une inquiétude grandissante
Alors que le scandale enfle, les autorités locales restent silencieuses. Aucun audit n’a été annoncé, et aucune explication n’a été fournie sur cette explosion du nombre d’inscrits. Ce mutisme nourrit la colère des habitants, qui y voient un signe de complicité tacite entre les responsables politiques et les structures administratives chargées de l’organisation du scrutin.
Au-delà du simple soupçon de fraude, la transhumance électorale sape la cohésion communautaire . Dans un contexte déjà marqué par les divisions locales, le déplacement massif d’électeurs extérieurs attise les tensions. Plusieurs habitants évoquent des rivalités interquartiers et un sentiment d’injustice grandissant. « Quand on ne respecte plus la voix des urnes, on ouvre la voie au désordre », avertit un ancien chef de Meyang.
Une démocratie fragilisée
Le cas de Ntoum illustre, une fois encore, la fragilité du système électoral gabonais. Si aucune mesure corrective n’est prise, préviennent les observateurs, cette transhumance pourrait devenir la norme, au détriment de la transparence et de la légitimité démocratique. À Nfoulayong, la population refuse de se résigner : « Ce que nous demandons, c’est que le vote du peuple reste celui du peuple », résume un habitant. Un cri du cœur qui résonne bien au-delà des frontières de Ntoum.
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