Piqué au vif par des allégations de corruption avancées par Thibaut Adjatys, le pasteur Serge Allogho s’est confié la semaine dernière à la rédaction d’Info241. L’activiste accusé d’avoir perçu 100.000 € des services de la présidence gabonaise, nie tout en bloc et se réserve le droit de poursuivre ses détracteurs devant les tribunaux français. L’ancien soutien de l’opposant Jean Ping en France, se défend tout de même d’avoir rallié le camp du pouvoir. Le pasteur s’en prend également à tout ces hommes politiques de tout bord qui ne respecteraient pas les promesses faites devant le peuple. Interview.
Info241 : Un enregistrement audio circule où votre nom est cité comme bénéficiaire d’un montant de 100.000 € (65 millions de FCFA) qui aurait été déboursé par le cabinet présidentiel d’Ali Bongo. Vous avez des contacts avec la présidence gabonaise ?
Serge Allogho : Jusqu’à ce jour je n’ai aucun contact avec la présidence gabonaise.
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Info241 : Et selon vous, pourquoi votre nom s’est retrouvé citer dans cette conversation ?
Serge Allogho : Je voudrais expliquer qu’après l’élection de 2016 et les événements qui ont suivi, je me suis engagé dans en tant que pasteur dans la lutte pour un Gabon… Pour que nous ayons un État de droit, un État démocratique. J’ai pris fait et cause pour celui qui représentait pour moi, le chef qui allait rétablir l’ordre des choses : Jean Ping. Mon engagement s’est traduit par ma participation à ce qui était organisé au Trocadéro. Lorsqu’il arrivait que monsieur Jean Ping vienne sur Paris, je ne manquais pas d’être parmi ceux qui assistaient aux réunions publiques qu’il était amené à tenir. Plus d’une fois, j’ai eu à faire des prières pendant les marches ou certaines réunions que Monsieur Ping a tenues.
J’ai observé la stratégie qui était la sienne et j’ai vu que cet homme n’incarnait plus pour moi cette espérance-là. Je me suis aperçu que sa stratégie n’était pas la bonne et qu’elle n’allait rien produire. C’est ainsi que j’ai pris la décision de me désolidariser de tout ceux qui soutenaient monsieur Ping au niveau à Paris. Dans cette décision de me retirer, je n’avais consulté personne plus que je n’avais consulté personne pour m’engager. Je me suis donc retiré et je me suis donné pour mission d’ouvrir les yeux des Gabonais. Si pour moi, il est incontestable que monsieur Ali Bongo n’est pas un bon président… Pour moi il est incontestable qu’Ali Bongo n’a pas gagné les élections. Je dois cependant reconnaître que le jeu auquel s’est adonné monsieur Ping n’était pas le bon.
Les soutiens de monsieur Ping ont donc décidé de me faire payer cher mon désengagement mais je ne voyais pas en quoi il pouvait me le faire payer pour la simple raison que je ne dépends de personne dans la diaspora.. Je suis en France depuis 26 ans. J’ai toujours travaillé pour prendre soin des miens. Donc je ne voyais pas en quoi ils pouvaient me faire payer cher mon désengagement ou ma trahison comme ils l’appellent.
Un jour, un certain Hugues Mefane a fait une vidéo dans laquelle il a affirmé que j’aurai reçu 100.000 € de la part d’Ali Bongo et j’aurai reçu cette somme des mains du général des mapanes. En plus de cela, je recevrai 3.000 € (2 millions de FCFA) par semaine. Donc il a fait une vidéo où il a juré tous ses dieux que c’était cela la vérité. Je me suis insurgé contre ça et j’ai fait une vidéo dans laquelle je disais que ce garçon s’il avait amené les preuves de Western Union, sa version aurait pu être été crédible.
Mais recevoir 5.000 € ici en France, je ne sais pas par quelle opération cela peut se faire. Est-ce un virement ? Quand on sait que l’on ne peut pas envoyer plus de 1.500 € (1 million de CFA) par Western Union et qu’on ne peut pas rentrer en France avec 100.000 € en liquide. Donc je voulais savoir quelle preuve avait Hughes Mefane pour tenir ces propos.
Toujours est-il que personne n’a demandé les preuves. Et que la machine s’est emballé. Les ayatollahs et les Moudjahidines on commencé à me traiter de vendu, de tous les noms. C’est ainsi que Thibaut Adjatys dans sa conversation avec Jonas Moulenda a repris, je pense, que moi j’aurai reçu 100.000 € alors que je ne fais aucun travail et lui qui fait un travail extraordinaire…
Je suis passé dans une émission dans laquelle le général du Mapane a été invité. Et le général du Mapane a affirmé qu’il ne me connaissait pas et qui ne m’a jamais remis une somme de 100.000 €. Ce qui fait que c’est un tissu de mensonges. Je m’insurge contre cette pratique. Ce qui me désole le plus, lorsque j’étais un soutien de Monsieur Ping, aucun PDGiste ne m’a insulté. Aucun PDGiste ce ne m’a traité de faux pasteur. Maintenant que je décide de me retirer, même pas de rallier Ali Bongo…
Je trouve ça pathétique. Que monsieur Thibaut Adjatys, pour le travail qu’il est il estime extraordinaire et que cela vaut 100.000 €, mais qu’ils disent à ce qu’ils ont l’habitude de lui envoyer de l’argent d’augmenter les enchères. Mais qu’il m’associe à cette cabale, je trouve ça pitoyable !
Info241 : Vous avez dit tout à l’heure que Jean Ping jouait un jeu. Quel est ce jeu ?
Serge Allogho : En ce qui me concerne, je ne vois pas clair dans le jeu de Jean Ping. C’est bien Jean Ping qui a dit que si Ali Bongo utilisait la force, il trouvera la force devant lui. Ce n’est pas moi qui l’ai dit ! C’est bien Jean Ping qui a dit qu’il avait les moyens de faire partir Ali Bongo. Tout ce qu’il demandait au peuple gabonais c’était de le voter. Ali Bongo a utilisé la force, des gens sont morts. Mais il n’a pas eu de force devant lui. Ali Bongo est toujours au pouvoir et pourtant monsieur Ping nous a juré par tous les dieux qu’il allait faire partir Ali Bongo. C’est quand même des incohérences.
Je veux bien comprendre qu’on puisse aimer quelqu’un mais on va pas soutenir quelqu’un au point de perdre le bon sens. Moi je suis pasteur. Quand je tiens des propos je dois être capable de les assumer. Je ne comprends pas qu’au Gabon depuis Léon Mba, les politiques racontent ce qu’ils veulent et le peuple est là pour dire amen. Il faut qu’on soit sérieux ! Personne n’a mis de pistolet sur la tempe de Jean Ping pour qu’il dise qui peut faire partir Ali Bongo. C’est le même qui a pris la décision de tenir ses propos là. Il faut le mettre face à ses responsabilités. Il est temps que les hommes politiques assument les propos qu’ils tiennent. Voilà mon problème avec la politique telle qu’elle se pratique au Gabon. Cela relève de la sorcellerie, sans plus !
Info241 : Intenterez-vous des poursuites contre Thibaut Adjatys et contre vos détracteurs ?
Serge Allogho : Je vais consulter mes avocats et je verrai quelle suite je donne à cela. Je peux vous dire que ça ne restera pas dans l’état. J’estime que trop c’est trop ! La première fois que monsieur Hugues Mefane à a tenu ses propos, j’ai fait une clarification. J’ai clarifié la situation. Je crois que les gens continuent à diffuser ça. Nous sommes dans un pays de droit.
Info241 : Un mot de fin ?
Serge Allogho : Il est temps que l’on soit un peu intelligent. Je dis un peu intelligent. On ne peut pas se laisser berner par des hommes politiques qui viennent nous promettre monts et merveilles et au final ils ne tiennent même pas leurs promesses. Et nous sommes toujours là pour dire amen. Un moment donné, il faut quand même que l’on s’interroge. On ne peut pas être bête jusqu’à ce point-là. Comment un homme politique va prendre des engagements… Reprenez les propos que Jean Ping a tenu pendant sa campagne… Reprenez les mots que Monsieur Mba Obame a tenu pendant sa campagne… Reprenez les propos que monsieur Mba Abessolo a tenu pendant sa campagne…
Vous verrez que ces politiques ont tenu des propos pendant la campagne qu’ils n’ont pas assumé. je prends le peuple gabonais à témoin. Ping n’a-t-il dit dans un de ses discours que si Ali Bongo utilise la force, il trouvera la force devant lui ? Il l’a dit ! Est-ce que Ali Bongo a utilisé la force ? Oui ! Est-ce qu’il a trouvé la force devant lui ? Non ! Ça s’appelle un mensonge. On ne peut pas me dire que je suis contre monsieur Ping. On pouvait me le dire si je disais des choses qui n’étaient pas vrai à son endroit. Je ne peux pas comprendre pourquoi on peut dire qu’Ali Bongo et un menteur lorsque en 2009 il avait promis faire des choses et il ne les a pas faites. En 2016, il a encore fait de nouvelles promesses qu’il n’a pas tenues. On va dire qu’Ali Bongo est un menteur et monsieur Ping ? On va dire que lui ce n’est pas un menteur ? On ne va pas faire d’un poids deux mesures.
Il faut que le peuple gabonais devienne un peu lucide parce que c’est cette lucidité qui lui fait défaut. Il faut qu’on arrête de nous laisser berner par les hommes politiques parce que aujourd’hui au Gabon, et c’est là le mal du gabonais, c’est que le Gabonais a la mémoire courte. Tout le monde vient… Chaque élection les gens viennent que ce soit les gens de l’opposition que du pouvoir… Ils viennent, ils promettent monts et merveilles et une fois qu’ils sont élus et même pas quand ils ne sont pas élus, ils ne tiennent pas leurs promesses.
Vous ne pouvez pas dire aux gens votez-moi et je fais le reste. Dans ce cas, il ne fallait pas dire votez moi et je fais le reste. Monsieur Ping a tenu ces propos, il doit les assumer. S’il s’est trompé, qu’ils disent que j’ai sous-estimé mon adversaire, je vous demande pardon parce que je ne vous ai pas dit les choses telles que je devais vous les dire. Et nous allons lui pardonner. Mais il ne peut pas rester dans le mutisme.
Et on a des ayatollahs qui viennent nous dire à longueur de journée « oui serein comme Jean Ping », « la diplomatie invisible »… On est pas des enfants quand même ! On a un minimum d’instruction. On réfléchit quand même. Il faut que le peuple arrête gabonais arrête d’être des moutons de Panurge.
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