Front social en ébullition : le refus du dialogue social selon Ossouka Raponda
Propulsée à la primature comme première femme Première ministre du Gabon depuis le 16 juillet 2020, Rose Christiane Ossouka Raponda est en passe d’en être le premier chef du gouvernement ayant le plus radicalisé les partenaires sociaux. Aux multiples paralysies auxquelles font face la plupart des administrations sous sa gestion, elle brandit la méthode forte en recourant systématiquement à l’intimidation des forces de l’ordre et de sécurité comme hier encore devant ses bureaux face aux retraités et jeunes diplômés.
Jamais autant un gouvernement n’aurait été aussi sourd et aveugle face aux revendications sociales et pourtant légitimes de ses compatriotes. Quand, le 16 juillet 2020, par décret présidentiel, Rose Christiane Ossouka Raponda succédait à Julien Nkoghe Bekale comme Première ministre, cheffe du gouvernement, Ali Bongo parachevait son œuvre d’élévation d’une gente féminine gabonaise qu’il a tous le temps tiré par le haut au travers de « la décennie de la femme ».
Un espoir gâché ?
Les plus sceptiques des observateurs de la vie politique du pays n’ont pas tardé à prédire son échec. Pendant que les férus et autres sympathisants du parti au pouvoir y voyaient un changement radical de paradigme. Près d’un an après, le constat semble désolant, et la déception a longtemps gagné y compris les rangs des plus optimistes de la gouvernance Ossouka au moment où elle faisait ses débuts avec un semblant de rigueur. On se souviendra encore de sa première mesure forte de suspendre d’activités, de nombreux conseillers et collaborateurs de son prédécesseur.
La répression comme réponse
Sur le front social, catastrophe ! La quasi totalité de l’administration est paralysée ou presque par des grèves qui s’éternisent. Du ministère des Eaux et forêts où Lee White semble snober ses collaborateurs aux Affaires sociales en passant par la Formation professionnelle, la Fonction publique, les régies financières et bien d’autres, secteurs privés inclus, à l’instar des entreprises GETMA, SATRAM ou encore l’hôtel Ré-Ndama, le constat est le même partout. On aurait dit qu’en lieu et place d’un soi-disant Plan accélération de la transformation (PAT) prôné par son gouvernement, en soutien à une volonté prononcée d’une relance économique sans réel contenu, ils sont de plus en plus nombreux qui se demandent si une fois de plus, une fois de trop, Rose Christiane Ossouka Raponda n’est pas une énième erreur de casting pour Ali Bongo ?
Une gestion à rebours des tensions sociales
Lundi matin devant ses bureaux sis au boulevard triomphal (2è arrondissement de Libreville), c’est une mobilisation des retraités majoritairement des corps habillés et des diplômés sortis d’écoles qui a été dispersée par la gendarmerie et la police. Se voulant à tout prix attirer l’attention des plus hautes autorités quant à la non-prise en compte de leurs revendications, comme aux Affaires sociales plus loin dans l’enceinte du ministère du Budget et juste à côté d’eux avec leurs compatriotes des Eaux et forêts, ils ont dû se résoudre à se diriger vers l’immeuble abritant provisoirement l’Assemblée nationale pour tenter de rencontrer Faustin Boukoubi le président de cette institution.
Les agents retraités ici en face de l’Assemblée national, hier
« Nous ne savons plus où va ce pays. Voilà le traitement qu’un chef de gouvernement réserve à des gens ayant loyalement servi leur nation. Parfois au mépris de la loi, nous avons exécuté des ordres mal donnés et accompli de sales besognes pour leur maintien frauduleux à ces postes juteux là. Au moment de savourer nos misérables retraites avec très souvent beaucoup de remords, voilà. Ils envoient nos propres enfants et petits-frères que certains d’entre nous ont d’ailleurs, soit intégré soit formé. Et c’est ça le Gabon. Mais on verra bien la fin de chacun », s’est lâché un officier des forces de l’ordre récemment admis à la retraite.
Clap de fin
Face à ce constat désolant qui humilie tout un pays aux yeux d’Occidentaux et autres communautés amies vivant en territoire gabonais, il y a lieu de se poser des questions : pourquoi tant de peine à dialoguer à défaut d’apporter des solutions concrètes aux problèmes posés ? Réputée pourtant colérique et très caractérielle par ses collaborateurs partout où elle est passée, pourquoi donc la Première ministre d’Ali Bongo peine t-elle autant à imposer son autorité et une cadence à son équipe afin que celle-ci soit plus à l’écoute du secteur social ? Nul ne saurait y apporter hélas des réponses, si ce n’est le temps.
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