Me Moubembé : « Nous obtiendrons dans les jours à venir, la libération de Léandre Nzue » !
Quelques jours seulement après l’incarcération du maire PDG de la capitale gabonaise, Léandre Nzue, la rédaction d’Info241 a rencontré l’un de ses avocats Me Jean Paul Moubembé. L’avocat insiste sur l’innocence de son client et voit en cette incarcération à la prison centrale de Libreville, le respect des procédures pénales. Me Moubembé s’est voulu rassurant sur la santé de son client et reste serein quant à sa rapide mise en liberté, une fois l’affaire analysée dans le fond par le tribunal spécial.
Me Jean Paul Moubembé, merci d’être l’invité de la rédaction d’info241. Le maire de Libreville Léandre Nzue, votre client, a été placé sous mandat de dépôt le 15 septembre à la prison centrale de Libreville pour des faits de corruption en bande organisée alors qu’il n’était à la tête de l’Hôtel de ville que depuis 19 mois.
Info241 : Que reproche la justice gabonaise à votre client ?
Me Jean Paul Moubembé : Le procureur de la République, a bien voulu qu’il y soit. C’est lui le maître des poursuites sur la base d’une plainte qui a été transmise par l’agent judiciaire. Plusieurs infractions ont été retenues. J’en connais huit : le détournement de fonds publics de plus d’un milliard de francs CFA, extorsion de fonds, concussion, association de malfaiteurs, faux et usage de faux, chantage, détournement de biens et blanchiment de capitaux. Ce sont, des délits et crimes prévus. Je vais vous donnez les articles. C’est important de donner le code pénal. Les articles 115 et suivants ; article 127, 141, 193, 194,299, 378 et 381 du code pénal gabonais.
Vous avez dénoncé une « violation de procédure » dans cette affaire qui fait grand bruit avant de demander la libération immédiate de votre client. De quoi s’agit-il concrètement ?
Me Jean Paul Moubembé : Non ce n’était pas moi, je ne faisais pas parti de ces jeunes avocats qui ont dénoncés cette violation. Je ne peux pas faire de commentaire sur quelque chose que je ne maitrise pas. Lorsque mes jeunes confrères se sont retrouvés, je n’étais pas là. Lorsqu’ils ont dénoncé cela par voie de presse, je n’étais pas là. Donc, j’ai appelé un de mes confrères, brillant confrère maître Loundou, il m’a expliqué. J’ai compris. Je n’ai pas fait de commentaire, donc il m’est difficile de vous dire de quoi il s’agit.
Votre client a été victime d’un malaise lundi dernier avant d’être vu par la juge. Il a été conduit à l’hôpital puis ramené au tribunal avant d’être finalement transféré à la prison centrale. Comment s’est déroulé cet incident ? Léandre Nzue a-t-il des ennuis de santé ?
Me Jean Paul Moubembé : Il faut le reconnaitre, il a toujours des ennuis de santé à son âge. Je crois qu’il a 63 ans et moi j’ai 64. Nous ne sommes pas vieux, nous sommes de la même génération. À tout bout de champ, on peut avoir de tel malaise. Surtout qu’il a été surpris parce que lorsqu’il a été gardé à vue. Le matin, on le ramenait, on lui a dit "on t’amène à la maison chez toi". Lui, il a cru et se retrouve au tribunal. Ça fait trop !
Il ne comprenait rien et j’étais là, moi son avocat. Il est tout à fait normal avec tout ce qui s’est passé qu’il ait eu, ce malaise. Mais aujourd’hui, il se porte bien. Il a été amené à l’hôpital militaire, il est sorti le lendemain. Il a été entendu par le procureur de la République et ensuite par madame la juge d’instruction. Tous les deux juges, ont fait leur travail.
Ils ont reçu la plainte et comme c’est une affaire, vous savez 8 infractions, on ne peut pas régler ça en un seul temps. C’est pourquoi, le juge d’instruction a été saisi. Surtout quand il s’agit de certains crimes. Il y a des délits et des crimes. Le code de procédure pénale exige qu’il y ait instruction. Au moment où nous parlons, le dossier est à l’instruction devant le juge d’instruction. Le juge spécial, le juge auprès du tribunal spécial.
Quelles sont les prochaines étapes judiciaires de cette affaire ? Léandre Nzue a-t-il des chances d’être remis en liberté comme l’a été l’une des trois personnes inculpées par le procureur de la République ?
Me Jean Paul Moubembé : Là, vous avez raison. Parce que nous pensons - là je parle à mon nom personnel et au nom de mon client - que notre client, n’a rien fait. D’abord, vous voyez, les faits tels qu’ils ont été présentés. Ces faits, ne peuvent pas recevoir 8 qualifications juridiques.
Ce sont des détournements de deniers publics. On ne comprend plus rien : extorsion, concussion, association de malfaiteurs... Bon, lui en tant que maire, il l’a fait avec qui ? Nous en reparlerons. Donc nous n’avons pas encore abordé le fond devant le juge d’instruction. C’était la première comparution pour qu’il soit inculpé. Il a été inculpé. Nous attendons. Nous nous battons pour qu’il soit entendu au fond par le juge d’instruction. Et nous discuterons devant le juge d’instruction de tout cela.
Au moment où je vous parle, il est en détention préventive parce qu’il bénéficie toujours de la présomption d’innocence. Ce n’est pas à nous de prouver la culpabilité, nous sommes innocents de par la loi. C’est tout à fait normal que les gens à l’extérieur - lorsqu’on inculpe un maire et au moment où nous parlons, il est à la maison d’arrêt les gens - pensent qu’il est coupable. Non ! C’est la procédure, c’est ainsi. Je vous rassure, je connais très bien le dossier. Je vous rassure que mon client sera mis bientôt en liberté.
Avez-vous rencontré votre client depuis son incarcération ? Comment vit-il toute cette affaire et notamment la procédure engagée contre lui par la gouverneure de l’Estuaire pour faire constater son remplacement à la tête du conseil municipal de Libreville ?
Me Jean Paul Moubembé : Oui j’ai fait le nécessaire, je suis allé le voir exceptionnellement à la maison d’arrêt parce que je craignais. C’est vrai que lorsque nous nous sommes séparés. Je vous l’ai dit.
On vous a vu lui dire au revoir dans une vidéo sur les réseaux sociaux
Me Jean Paul Moubembé : Je lui disais au revoir parce que ça me faisait de la peine. C’est un père de famille. Lorsqu‘on est un père de famille et qu’on est, brusquement entrainé pour la maison d’arrêt comme cela, ça fait très mal.
Mais, je vous rassure sans aborder le fond, je fais aucune promesse, j’espère que ce n’est pas une affaire politique, j’espère que ce n’est pas un règlement de compte. J’espère que l’Etat, veut savoir un peu plus. C’est tout à fait normal et que lorsqu’il y a une plainte - l’agent judicaire a porté plainte - il est tout à fait normal que la justice se penche sur cette plainte-là.
Bon, pour les non-initiés en la matière, on trouve toujours que c’est extraordinaire, c’est le maire. Mais le maire comme d’autres, comme les ministres… ils sont en prison. Ce n’est pas parce qu’on a un titre dans la société qu’on ne peut pas vous reprochez des faits. Mais, être envoyé en prison, ne veut pas dire que vous êtes condamné. Non !
C’est souvent la procédure, qui exige cela. Le juge d’instruction fera son travail et nous verrons. Tel que je connais les faits, je ne vous le promets pas mais je vous dis, que mon client sera libéré.
Mais c’est tout à fait normal, lui c’est un républicain. Il respecte les règles de la République. Nous en avons parlé. C’est tout à fait normal que le service public continue à fonctionner. Il n’est pas là, il est détenu. Aujourd’hui, il n’est plus maire nous en avons parlé. Il souhaite que tout aille comme au moment où il était. Que tout aille mieux. Et c’est toujours, le Gabon qui se construit. L’autre qui est là, nous espérons qu’il fera tout ce qu’il peut pour que tout marche comme toujours.
C’est vrai, nous avons appris, qu’il y’a eu des licenciements. On ne peut pas juger l’action d’un nouveau maire intérimaire. Il fait son travail. Nous espérons - là je parle en tant que moi et d’ailleurs - c’est ce qu’il souhaite et c’est le message qu’il donne. Il souhaite bon vent au nouveau maire intérimaire et pourquoi pas, au maire qui sera élu.
En tant qu’avocat, un mot sur la justice gabonaise maître ? Quels premiers enseignements peut-on tirer de cette affaire ?
Me Jean Paul Moubembé : Oh grand avocat !! Il y’a pas de petit avocat. Nous tous, lorsque nous prêtons serment, nous sommes des avocats. J’ai toujours défendu, ce principe au sein du barreau, l’égalité entre nous les avocats. Il n’y a pas de petits, il y’a pas de grands avocats. Nous tous nous sommes des avocats.
Mais par contre, il est vrai qu’il y a des avocats inscrits au grand tableau et de avocats, inscrit au petit tableau c’est-à-dire stagiaire. Bon ça c’est vrai, ça existe dans notre barreau. Vous dites ce que je pense de la justice gabonaise ? C’est un grand chantier. Nous avons la chance d’avoir à la tête de notre justice, une dame, une femme, une professionnelle.
Elle était avec nous au tribunal. Je suis convaincu - d’ailleurs, elle a un programme à mettre en œuvre - je crois mais je suis convaincu, qu’elle réussira. Elle connait la justice. La justice ce n’est pas seulement le tribunal. Les gens pensent que la justice, c’est seulement le tribunal. La justice, c’est aussi la maison d’arrêt, la prison centrale. Elle a un coup d’œil, un regard. Nous avons de la chance, de l’avoir comme ministre de la justice.
Oh un grand enseignement, je crois c’est un rappel à l’ordre. Je ne dis pas que mon client a tort, est coupable mais c’est néanmoins, il faut dire que le Gabon aujourd’hui sur le plan de la justice n’a pas de partie pris. Lorsque vous êtes soupçonné, lorsque le ministère des affaires publiques a des éléments, il est en droit. Il fait son travail et il le fait librement. Et le juge d’instruction, je suis convaincu que si elle a ordonnée l’inculpation et la détention préventive, c’est certainement pour prendre le temps de lire l’entier dossier et instruire pour que les choses deviennent claires parce qu’on parle d’argent. On parle de milliards, on dit plus d’un milliard. On parle d’extorsion. Nous allons en discuter lorsque le moment viendra, lorsque nous aborderons le fond. Devant le juge d’instruction, on vous montrera, les personnes que Mr Léandre le maire a tenté d’extorquer et on nous dira aussi puisqu’on parle d’association de malfaiteurs, quels sont ces malfaiteurs qui sont avec lui. Vous voyez, c’est un grand combat. Je ne peux dire qu’une seule chose c’est que, le match vient de commencer
Me Jean Paul Moubembe, la rédaction d’info241 vous remercie !
Me Jean Paul Moubembé : C’est moi qui vous remercie d’être venu à mon cabinet m’interviewez sur l’affaire Nzue Léandre. Mais rassurez-vous, je vais faire le nécessaire avec mes jeunes confrères. Et n’oubliez pas, j’ai oublié de vous le dire, je ne suis pas le seul avocat dans cette affaire. Il y a aussi, notre bâtonnier de l’ordre des avocats. Donc je suis convaincu, que nous obtiendrons dans les jours à venir, la libération de notre client.
Propos recueillis par BBO
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