Le secteur santé au Gabon est loin d’être un fleuve tranquille. Il est depuis plusieurs semaines déjà, l’objet de toutes les colères du fait de plusieurs manquements observés ça et là. Il s’agit entre autres des déboires de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS). Un bras de fer oppose les médecins du Gabon à l’instance de gestion des prestations publiques du fait du retard et de la dette de la CNAMGS vis-à-vis des structures sanitaires publiques.
Ainsi, réunis autour du Syndicat des médecins fonctionnaires du Gabon (SYMEFOGA) mais également du Syndicat national des agents de santé (SYNAS), les hommes et femmes en blouses blanches ont décidé d’observer un mouvement d’humeur illimité. Ils revendiquent le paiement pur et simple de leurs primes pour ne citer que cela. C’est dans cet optique que Jonas Mboumba, vice-président national du Symefoga en tournée nationale, a marqué un point d’arrêt ce 27 mai à l’hôpital régional de N’tchéngué situé dans le 4e arrondissement de Port-Gentil.
Des médecins vent debout
En premier lieu, il était question pour le membre de cette centrale syndicale, d’apporter des informations sur ce dossier qui fait mouche. Puis, il s’est longuement entretenu avec les adhérents et les sympathisants du chef-lieu de la province de l’Ogooué-Maritime sur le maintien et l’intensification de leur mouvement d’humeur.
« Nous disons bien que c’est un mouvement d’humeur général dans tout le pays. Et il ne doit nullement faiblir. Ça ne concerne pas seulement Port-Gentil. Nous avions cru avoir un partenaire avec qui nous travaillons depuis des années, mais celui-ci ne respecte pas ses engagements. Dans ce cas nous le mettons au bas-côté pour voir plus clair dans cette affaire. Et donc nous ne recevons plus de fiche CNAMGS des assurés », a-t-il laissé entendre.
Une vue des participants à la rencontre de vendredi
Le 5 mai dernier, la coalition SYMEFOGA-SYNAS a introduit une requête auprès de la Première ministre Rose Christiane Ossouka Raponda aux fins de souligner plusieurs faits. Parmi lesquels le fonctionnement scabreux de la CNAMGS. Mais surtout, les manquements en plateaux techniques. Ainsi, ils ont réitéré à la Première ministre qu’à compter de cette date, aucune fiche de soins et aucune fiche d’examens des assurés CNAMGS ne serait prise au sein des structures sanitaires publics du pays. Et ce, jusqu’à nouvel ordre. C’est également le message qui a été au centre des échanges entre le membre du SYMEFOGA et les médecins de Port-Gentil.
La dette de la discorde
« Plus rien en ce qui concerne les fiches de soins et autres de la CNAMGS ne sera accepté. Quand on regarde bien, derrière tout ça, y a un manque de volonté de résoudre le problème C’est quel mode de fonctionnement ? Il faut que tout ça s’arrête », a renchérit Jonas Mboumba. Plusieurs raisons ont conduit à ce mouvement d’humeur à travers le pays. À savoir, la disparité de la gestion de la manne financière de la CNAMGS à l’endroit des services publics de santé. En effet, il y a un an environ, l’unité provinciale de cette centrale syndicale avait déclenché une grève générale illimitée à cause de dix mois d’impayés de primes liées aux prestations CNAMGS. Fort est de constater que le problème demeure avec acuité.
L’hôpital régional de N’tchéngué
La conséquence de cette non prise en compte des points de revendications est que les hommes des blouses blanches de l’hôpital régional de N’tchéngué et ceux du pays en général, sont désormais contraints de payer eux-mêmes les tubes de prélèvement. Pire, les services ne sont pas alimentés en eau potable, les toilettes sont bouchées, l’asepsie et les lumières dans les blocs opératoires manquent à l’appel. Voici les problèmes que rencontrent les hommes et les femmes censés veiller sur la santé de la population.
Une gouvernance publique opaque
En outre, ce qu’il faut savoir dans cet épisode, c’est que 25% de la prestation servirait à payer les primes du corps médical, 45% de cet argent est censés entrer dans les caisses des structures hospitalières publiques du pays pour leur fonctionnement. Les 30% restants, sont consacrés à l’Etat, censé soutenir financièrement le secteur santé. Il se trouve que depuis plusieurs années, les médecins assistent impuissamment à une gestion opaque de ces fonds. Ils meurent à petit feu sous le poids des arriérés des primes impayées. Des trimestres, des semestres et des années sont impayés.
Les médecins depuis des années, se débattent comme des soldats pour que soit enfin régularisé cette situation qui perdure. Mais en vain ! Pire, depuis des semaines, les membres des deux syndicats assistent à une agitation dans la presse. Certains de leurs collègues des quatre autres syndicats tentent tant bien que mal de désolidariser le mouvement. Une preuve qui témoigne que dans ce combat qui touche également les populations, certains voient juste leurs intérêts personnels. Mais réellement, vont-ils vers une banqueroute ?
Cette gestion scabreuse va-t-elle cesser ? Combien de temps cela va-t-il encore durer ? Comment expliquer que la CNAMGS paye chaque année prioritairement les structures privées à près de 90% au détriment des entités publiques ? Existe-t-il un mode bien précis de paie ? Qui décide de payer tel secteur et pas l’autre ? Qui enclenche ce procès tant décrié ? Autant de questions dans cet océan d’incompréhensions. En somme, ce sont des populations démunies à la recherche des soins adéquats qui souffrent dans cette affaire rocambolesque. Espérons que les plus hautes autorités prennent ce problème à bras le corps pour qu’elle soit enfin résolue.
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