Fin de transition au Gabon : le CTRI annonce sa dissolution et le retour des militaires aux casernes

C’est une page majeure de l’histoire politique gabonaise qui s’est tournée ce vendredi soir. À travers un communiqué de fin, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), organe dirigeant du pays depuis le coup d’État du 30 août 2023, a annoncé sa dissolution officielle, conformément à la charte de la transition. Ce communiqué, le n°073, a été lu sur les antennes de la télévision nationale, à la veille de l’investiture du président élu, Brice Clotaire Oligui Nguema prévue ce samedi au stade d’Angondjé.

« Conformément aux dispositions de l’article 37 de la charte de la transition, le mandat du président de la transition prend fin après l’investiture du président issu de l’élection présidentielle. Dès lors, la prestation de serment (…) mettra fin à la présidence de transition et conduira (…) au retour à l’ordre constitutionnel civil » , a déclaré le porte-parole du CTRI, actant la fin d’un régime militaire qui aura duré en tout 612 jours.
Un tournant
La dissolution du CTRI intervient au terme d’un processus de transition mené tambour battant. En l’espace de vingt mois, les militaires au pouvoir ont adopté une nouvelle Constitution (le 16 novembre 2024), réorganisé le paysage institutionnel et tenu une élection présidentielle jugée apaisée, dont le premier tour s’est déroulé le 12 avril dernier. « Le chef de l’État tient solennellement à exprimer sa gratitude (…) aux forces de défense et de sécurité pour leur rôle majeur dans la conduite de la transition » , a souligné le communiqué.
Le communiqué de fin de service du CTRI
Si le CTRI disparaît, certaines institutions de la transition ne s’éteignent pas avec lui. Comme le précise le communiqué, « les deux chambres du Parlement de la Transition, la Cour constitutionnelle de la Transition, le Conseil économique, social et environnemental de la Transition et les délégations spéciales de la Transition demeureront en place jusqu’à leur renouvellement dans les conditions prévues par la nouvelle Constitution » . Cette continuité vise à éviter un vide institutionnel en attendant les prochaines élections législatives et locales.
Retour aux casernes
Dans son ultime communiqué, le CTRI a réaffirmé que les militaires n’étaient sortis de leurs casernes que « pour protéger le peuple et sauver la démocratie » . Une façon pour le régime sortant de justifier sa prise de pouvoir après l’invalidation des résultats de la présidentielle d’août 2023, qui avait initialement reconduit Ali Bongo Ondimba. Depuis, Brice Oligui Nguema a exercé les pleins pouvoirs en tant que président de la transition.
Dès ce samedi 3 mai, jour de son investiture, Oligui Nguema deviendra officiellement le premier président de la Ve République. Il dirigera un régime présidentiel renforcé, sans Premier ministre, comme le prévoit la nouvelle Constitution. La démission du gouvernement de Raymond Ndong Sima, attendue depuis le conseil interministériel du 30 avril, interviendra dans les heures qui suivent la cérémonie d’investiture.
Adieu
Le communiqué d’adieu du CTRI s’est conclu sur une note d’unité nationale et de fierté républicaine. « Vive la Ve République ! Vive le Gabon nouveau ! Peuple gabonais, unis dans la Concorde ! C’est enfin notre essor vers la félicité, honneur et fidélité à la patrie » , a lancé le porte-parole, dans un ton presque lyrique. Un message adressé à l’ensemble des citoyens, à la veille d’une nouvelle ère politique.
Alors que les projecteurs sont braqués sur Libreville pour la cérémonie d’investiture, l’heure est désormais à la relance des institutions démocratiques. Le départ du CTRI acte la fin d’un cycle militaire et le début d’un mandat civil sous le regard vigilant de la société gabonaise et de la communauté internationale.
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