Capellogate : Un ancien ministre de la transition traine en justice deux activistes gabonais pro-CTRI
Stéphane Nzeng et Landry Amiang Washington, deux activistes gabonais connus pour leur engagement sur les réseaux sociaux contre le régime d’Ali Bongo, font désormais face à des ennuis judiciaires majeurs. Le 30 juillet dernier, une juge d’instruction a émis une interdiction de quitter le territoire national à leur encontre, suite à une plainte pour diffamation déposée par Hervé Patrick Opiangah, ancien proche du président déchu et ancien ministre des Mines débarqué du gouvernement de la transition. Les intéressés proche du CTRI ont clairement affiché lundi leur détermination à ouvrir la boîte de Pandore de l’ex-ministre.
Les accusations portées contre Stéphane Nzeng et Landry Amiang Washington trouvent leurs origines dans le Capellogate, un scandale de pédophilie révélé en 2022 par le journaliste d’investigation français Romain Molina. Ce scandale avait secoué le monde du football gabonais, entraînant l’arrestation et l’incarcération de plusieurs dirigeants sportifs. C’est dans ce contexte que les deux activistes auraient cité Hervé Patrick Opiangah, alors président du club de football FC Mounana, comme un des principaux responsables des abus sexuels.
Revanche judiciaire
Hervé Patrick Opiangah, désormais homme politique et homme d’affaires, a décidé de poursuivre Stéphane Nzeng et Landry Amiang Washington en justice pour « injures publiques » et « atteinte à l’honorabilité d’autrui ». Selon ses proches, Opiangah souhaite ainsi laver son honneur et sa réputation, qu’il estime gravement entachés par les accusations portées contre lui. La semaine dernière, les parties concernées ont été entendues par un juge d’instruction. À l’issue de cette audience, la juge a pris la décision d’interdire à Stéphane Nzeng et Landry Amiang Washington de quitter le territoire gabonais. Cette mesure vise à garantir leur présence lors des prochaines étapes de la procédure judiciaire.
Le live des activistes
Dans une vidéo en direct diffusée ce lundi 5, les deux mis en cause ont affirmé leur confiance à répondre à ces accusations. Stéphane Nzeng a déclaré : « Vous allez voir la chute d’Opiangah, qui continue de croire qu’il a du pouvoir et peut faire du chantage politique. Mais ce temps-là est révolu ». Il a ajouté : « Opiangah, ton chantage politique est terminé. En 2016, tu avais porté plainte contre Jean-Ping pour diffamation, gagnant 600 millions de francs CFA en dommages et intérêts. Cela grâce à la nomination de certains magistrats que tu contrôlais. Mais ce temps est révolu ».
Détermination des mis en cause
Landry Amiang Washington a également réagi : « Opiangah cherche à discréditer le chef de l’État en décourageant la diaspora et les activistes. Mais je le dis clairement : nous nous sentons en sécurité depuis notre retour, comme tous les Gabonais. Le chef de l’État a demandé de construire un nouveau Gabon, et ces plaintes visent à le discréditer. Opiangah n’est pas seul dans cette aventure ».
Landry posant ici avec le président de la transition
Il convient de noter que Landry Amiang Washington n’en est pas à ses premiers démêlés avec la justice gabonaise. En 2019, il avait été condamné à 32 mois de prison ferme, dont 4 mois avec sursis, pour des faits remontant à 2016. Après avoir purgé une partie de sa peine, il avait quitté le pays, mais est revenu récemment à la faveur de la transition politique. La date de la prochaine audience n’a pas encore été fixée, mais cette affaire met en lumière les tensions persistantes entre les anciens opposants au régime Bongo et les nouvelles autorités. La procédure pourrait s’étendre sur plusieurs mois, avec des implications potentiellement significatives pour la liberté d’expression et les droits des activistes au Gabon.
L’interdiction de quitter le territoire imposée à Stéphane Nzeng et Landry Amiang Washington constitue un tournant dans cette affaire de diffamation. En attendant la suite des procédures judiciaires, les deux activistes restent sous le coup de cette mesure restrictive, illustrant les défis juridiques auxquels font face les opposants politiques dans le contexte post-régime Bongo.
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