Moukagni Iwangou : « Les membres du régime au pouvoir sont hors la loi »
L’invité de la rédaction d’Info241 est cette semaine Jean De Dieu Moukagni Iwangou, président de l’aile loyaliste de l’Union du Peuple Gabonais (UPG), ancien président du Front uni de l’opposition gabonaise. L’opposant revient sur le diagnostic qu’il fait de la situation politique gabonaise.
Il s’exprime sur l’épisode du bad buzz qui a éclaté après sa nomination avortée lors du dernier remaniement du gouvernement du 11 septembre. Il brosse également ses solutions pour parvenir à une alternance politique sereine et pacifique au Gabon.
► Vous avez dressé un réquisitoire d’infractions contre ce que vous qualifiez comme des allégations de l’avocate d’Ali Bongo, maître Claude Dumont-Beghi qui a dans son monologue de défense, diffusé sur les antennes de Gabon Télévision, brandit la menace d’une plainte pour diffamation. Et qui a qualifié l’affaire des plaintes concernant l’état-civil de son client, Ali Bongo comme une fiction et une machination politique. Que répondez-vous à une telle déclaration ?
Moukagni-Iwangou : Ecoutez, je ne sais pas si cette déclaration mérite une réponse autres que les faits rien que les faits constants. Il se trouve effectivement que Monsieur Ali Bongo qui est son client, pour lequel assure la défense à présenter de manière tout officielle à l’occasion de l’élection présidentielle de 2009, un acte de naissance sur lequel, nous pouvons hélas relever des contrariétés sur son authenticité.
Nous voulons simplement que la vérité soit dite à la nation. La vérité, rien que la vérité. Et toute la vérité. Parce que de fiction, c’est beaucoup en face de son côté que nous semblons relever celle-ci".
A sa propre initiative, il y a eu une campagne de communication, qui avait été engagée. Et qui a ajouté le flou. Rappelons-nous effectivement des publications du journal le Monde et de cette déclaration de naissance attribuée à Monsieur Dominique Ndzalakanda (Ndlr : ministre de l’Intérieur et de la Défense nationale du Congo Brazzaville de l’AEF en mai 1963, il n’aura en effet été concerné par les affaires municipales de Brazzaville que de 1956 à 1958. Nommé 2ème adjoint au maire à la mairie de Brazzaville, il supplée l’abbé Youlou à la tête de la commune jusqu’à son départ en stage professionnel à Paris en 1958). Déclaration de naissance, qui hélas diverge du tout au tout, avec celui qu’on a retrouvé à Nantes (Ndlr : ville où se trouve dans les archives coloniales de l’Afrique Equatoriale Française (AEF), qui forcément déposé soit par lui-même, soit par son père supposé.
Donc, c’est un ensemble d’éléments qui se contredisent les uns avec les autres. Qui forcément impliquent à s’interroger. Nous voulons simplement que la vérité soit dite à la nation. La vérité, rien que la vérité. Et toute la vérité. Parce que de fiction, c’est beaucoup en face de son côté que nous semblons relever celle-ci. A partir d’un certain nombre d’éléments qui hélas ne brillent pas par leur clarté.
► Vous avez saisi la Haute Cour de justice aux fins de constater le faux en écritures publiques du président gabonais et l’irrecevabilité de son acte de naissance produit en 2009 ? Qu’en est-il de votre saisine à nos jours ? Sachant que les plaintes en l’encontre d’Ali Bongo, celles de Libreville et celles de Nantes ont été classées sans suites. Vous le juriste pouvez-vous nous expliciter quel sens revêt ces décisions judiciaires ?
Moukagni-Iwangou : D’abord la qualité de notre état de droit. La Haute Cour de justice est une juridiction prévue par la Constitution. La plus haute loi de la République qui indique que la République est un espace de responsabilité. Il n’y a aucun emploi, aucune position qui ne puisse entraîner la responsabilité, si tant est qu’on s’emploie mal à l’intérêt de la nation.
Ainsi donc, en son article 78, la Constitution de la République Gabonaise expose devant la Haute Cour de justice, les membres du régime. C’est-à-dire le chef de l’Etat, le vice-président de la République, les Corps constitués, les membres du gouvernement et les juges de la Cour Constitutionnel. Chaque fois qu’ils sont pris dans les liens d’une infraction pénale.
Il n’y a aucun emploi, aucune position qui ne puisse entraîner la responsabilité, si tant est qu’on s’emploie mal à l’intérêt de la nation".
J’ai estimé donc qu’il était du droit du citoyen puisque cette Constitution prévoit une initiative citoyenne. J’ai pensé qu’il était de mon droit de pouvoir saisir la Constitution pour que le chef de l’Etat s’explique en raison de ces contrariétés relevées plus haut. A ce jour, cette juridiction n’a pas pu se tenir. Au motif que les autorités de nomination se sont gardées de mettre en place cette juridiction-là.
Il s’agit d’une belle entrave à l’action de la justice. Qui, par elle seule est justifiable de la Cour de justice parce qu’elle constitue une haute trahison. Je vous annonce déjà, je vous en fais à ce titre-là, la primeur. Je vous annonce que je vais saisir la Haute Cour de justice pour entrave à l’action de la justice. Et naturellement, les autorités de nomination doivent avoir à répondre.
Je vous annonce que je vais saisir la Haute Cour de justice pour entrave à l’action de la justice".
Sur cette question donc, il y a beaucoup de précisions à apporter. La première, c’est la saisine de la Haute Cour de justice. Qui démontre qu’au-delà de la lettre, la belle lettre, qui montre qu’au Gabon, les membres du gouvernement peuvent répondre devant la Haute Cour de justice. La réalité pratique montre que les autorités de nominations se sont gardées de désigner les magistrats qui doivent siéger au sein de cette juridiction, tous les 3 ans, renouvelable trois ans.
Et de ce fait, que le régime s’est organisé une impunité. De ce fait donc, les membres du régime au pouvoir, naturellement se sont placés au-dessus de la loi. En dehors de la loi. Ils sont hors la loi. C’est une réalité implacable à ce jour qui appelle que nous puissions le faire savoir au monde entier. Je suis heureux que votre entremise nous permette de le dire.
Ensuite, il y a, à minima, les saisines qui ont été opérées par M. Paul Marie Gondjout, à qui je lance un salut patriotique. Et celle de Madame Onaïda Maïsha Bongo Ondimba à la fois à Nantes et à Libreville pour celle de M. Gondjout. La particularité de ces deux saisines tient dans le fait que l’un et l’autre ont choisi de s’adresser au procureur de la République. Parce que pour aller en justice, le procureur est l’une des voies. Pour saisir la juridiction du jugement, le procureur est l’une des voies. L’autre voie étant celle du juge d’instruction.
La réalité qu’il faut comprendre dans tout cela, ce que le procureur n’est que le représentant de l’état au sein des juridictions. Et donc, attaquer le chef de l’état au Gabon …bon pour Monsieur Gondjout, parce que sa saisine qui poursuit M. Akasaga vise par derrière M. Ali Bongo Ondimba. Naturellement, en s’adressant au procureur pour que celui-ci renvoie le dossier devant la juridiction du jugement était une gageure. (Ndlr : une plainte avait été déposée par M. Gondjout pour faux en écriture publique et usage de faux au tribunal de Libreville. Cette plainte visait l’ancien maire du 3ème arrondissement de Libreville, Serge William Akassaga qui le 29 mai 2009 avait délivré un acte de naissance à M. Ali Bongo Ondimba, lequel lui a donné la possibilité de constituer un dossier de candidature pour se présenter à l’élection présidentielle, et donc de devenir, quelques temps après, le président de la République).
Donc, le procureur a classé sans suite, la saine, la plainte de Monsieur Gondjout qui entendait, en montrant que Monsieur Akassaga s’est fourvoyé (Ndlr : par son acte d’établissement d’un acte civil) et que le chef de l’état a abusé d’une telle situation.
Il en est de même pour Madame Onaïda qui attaque le service central de l’état civil de Nantes qui a produit un document dont le caractère faux est tout à fait établi.
Elle attaque l’état français au motif que celui-ci tient pour vrai, un document visiblement faux. Et sur le caractère fautif de ce document, il suffit simplement de voir que cette déclaration est sensée être signée de Monsieur Ndzalakanda. Maire de cette époque-là. Dit-ton, ce qui n’est pas vrai. Et la signature est celle d’Omar Bongo qui n’est pas Monsieur Ndzalakanda.
Donc, rien qu’à ce titre-là, c’est un document dont la fausseté ne me paraît pas du tout discutable. Il se trouve que le procureur a trouvé la difficulté en disant que je ne veux pas examiner quoi que soit de cette déclaration. Parce qu’elle avait été faite à Libreville. Et que c’est aux autorités gabonaises de pouvoir le faire. Donc, en fait, il s’agit là d’un débat éthique, dans lequel à la fois M. Paul Marie Gondjout et Madame Onaïda Maïsha Bongo Ondimba ont poussé nos juridictions.
En montrant, si elles sont capables par les représentants des Etats, d’un minimum de succès. Voilà ce qu’il faut comprendre. Autrement dit, ça n’est pas un enfermement. Que dis-je, ça n’est est pas un rejet d’une vérité qu’il fallait éprouvée.
► Vous et vos pairs de l’opposition vous faites mention à chaque sortie publique d’une justice aux ordres. Pensez-vous gagner cette bataille juridique lorsque vous faites état d’un embrigadement permanent de la justice au Gabon ?
Moukagni-Iwangou : De toute évidence si la Haute Cour de justice n’était pas embrigadée par le pouvoir, elle aurait pu effectivement convoquer ses juges. Et vider sa saisine, en relavant bien sur les initiatives que j’ai prises. C’est l’exemple le plus emblématique de cet embrigadement des juridictions par le système. Nous sommes des républicains.
Nous voulons montrer que la République ne tient qu’aux principes, qu’à l’affirmation que dans la pratique de la République ne se démontre pas....Mais naturellement nous prendrons nos responsabilités au moment venu. En tout cas le peuple sera invité à se déterminer de manière définitive".
Et nous voulons éprouver les limites de la République. Nous voulons montrer que la République ne tient qu’aux principes, qu’à l’affirmation que dans la pratique de la République ne se démontre pas. Et c’est cela qui est important à ce niveau si, vis-à-vis de nos partenaires qui pourront en douter. Mais naturellement nous prendrons nos responsabilités au moment venu. En tout cas le peuple sera invité à se déterminer de manière définitive.
► Pourquoi avoir démenti la consultation faite par le Président gabonais avant votre nomination au gouvernement. Avant que le quotidien pro-gouvernemental l’Union n’en publie les preuves visuelles ? Aviez-vous l’intention d’entrer au gouvernement d’Ali Bongo ?
Moukagni-Iwangou : Du tout. Du tout. Là également j’ai voulu éprouver les pratiques républicaines. J’ai eu bien sûr, à cet effet pour remettre les choses dans leurs justes proportions. En tant que citoyen, j’ai eu le privilège, d’être invité par le chef de l’Etat à sa demande.
J’ai été lui dire en face pourquoi il n’était pas sain pour la démocratie..., en tant qu’opposant, et en tant que chef de l’opposition à cette époque-là, que je puisse intégrer à un gouvernement dont les conditions de l’ouverture n’étaient pas du tout pertinentes".
Bien sûr que cette invitation s’est faite à la suite des émissaires qu’il m’a envoyé pour m’informer de ce que le gouvernement allait être remanié le lendemain. Et que mon nom y a été inséré. J’ai été lui dire en face pourquoi il n’était pas sain pour la démocratie que je puisse, en tant qu’opposant, et en tant que chef de l’opposition à cette époque-là, que je puisse intégrer à un gouvernement dont les conditions de l’ouverture n’étaient pas du tout pertinentes.
► Plusieurs adhérents du camp du pouvoir vous accusent ostentatoirement d’avoir été complice d’un acte de compromission. Et que vous aurez perçu une somme colossale d’argent de la part des émissaires du palais présidentiel. En l’occurrence le directeur de cabinet Maixant Accrombessi et Yves Fernand Mamfoumbi et conseiller politique à la Présidence de la République, en vue d’accepter la nomination ministérielle ? Que répondez-vous à de telles accusations ? Les aviez-vous rencontrés ? Et quel en était le but ?
Moukagni-Iwangou : J’ai rencontré, je confirme Monsieur Maixant Accrombessi, et Monsieur Mamfoumbi en qualité d’émissaires mandatés par le chef de l’Etat pour me rencontrer. Je le confirme. Je confirme qu’après avoir repoussé l’offre qu’ils m’ont faite, que j’ai été invité à rencontrer le chef de l’Etat en désavantage, je le confirme. Et lorsque j’ai été rencontré le chef de l’Etat, les hypothèses qu’il a évoqué pour justifier mon entrée au gouvernement ne m’ont parues convaincantes.
Et lorsque j’ai été rencontré le chef de l’Etat, les hypothèses qu’il a évoquées pour justifier mon entrée au gouvernement ne m’ont parues convaincantes. Et je les ai repoussées".
Et je les ai repoussées. Mal m’en a pris. Parce malheureusement, ils se sont confortés dans l’idée que dans les mœurs politiques du Gabon, les grandes convictions bien souvent s’arrêtent à la porte de l’entrée gouvernement. Ils ont poussé l’outrecuidance en me nommant. Alors que j’avais pris la précaution de décliner l’offre.
S’agissant des sommes avancées çà et là, elles ne relèvent tout simplement de l’affabulation".
Tout naturellement j’ai réagi sur la place publique pour dire non, non et non. Il se trouve que c’est un précédent. C’est un précèdent fâcheux pour l’image du chef de l’Etat. Un précèdent fâcheux pour ses certitudes selon lesquelles, nul ne résiste à l’entrée au gouvernement. Et donc en représailles j’ai eu droit à toutes les entourloupes. Et je crois qu’elles ont fait leur temps.
Et les gabonais aujourd’hui, savent que de tout ce ceci, il n’en est rien. Donc, je n’ai jamais eu envie de rentrer dans un gouvernement. En tout cas, dans ces conditions-là, j’estime qu’en République, il y a des règles. Et l’éthique républicaine veut que la majorité gouverne. Et que l’opposition à minima s’oppose. Et à maxima propose. Je ne bouge pas de cela.
S’agissant des sommes avancées çà et là, elles ne relèvent tout simplement de l’affabulation. Et donc je ne pense pas à avoir à défendre dans ce débat. Cela n’honore pas la politique. Malheureusement, je constate que c’est la règle là-bas. Ils ont une autre approche de la politique qui n’est pas la mienne. Hélas à ce niveau-là, nous naviguons entre deux eaux.
► Vous revenez d’une mission aux Etats-Unis et vous en êtes en France pour une tournée européenne. Quels sont les objectifs de ces consultations hors des frontières gabonaises ?
Moukagni-Iwangou : Je me mets. Et j’ai décidé de me mettre au service de la République. Au service de la démocratie. Au service de la construction d’un nouvel avenir. Et c’est cela qui me fait courir. A travers le monde. Pour rencontrer les partenaires pour un nouvel idéal. Et je suis heureux des résultats que j’ai engrangés.
Je me mets. Et j’ai décidé de me mettre au service de la République. Au service de la démocratie. Au service de la construction d’un nouvel avenir".
J’ai eu le privilège d’avoir été invité par le Congrès américain. Pas moins que cela. Cela situe le niveau à la fois des enjeux et des échanges. Et je n’en dirai pas plus hélas. Ce sont les semaines et les mois avenir qui les préciseront. Ensuite, j’ai été en Europe, je rentre de Bruxelles notamment au siège de l’Europe. J’ai été Paris, je suis revenu, j’ai été partout aux alentours.
Et je pense que j’ai eu les oreilles attentives, sur la cause du Gabon. Et tous ces contacts m’ont donné encore davantage l’envie d’entreprendre, l’envie de se battre pour cet espace qu’on appelle Gabon.
► Vous êtes un tenant du triptyque, « Destitution-Transition-Election ». Pouvez-vous nous en expliciter le fondement ? Quelle vision pour y parvenir à l’alternance politique au Gabon ?
Moukagni-Iwangou : Destitution-Transition-Election, ça n’est que l’expression cohérente qu’il faut apporter au fait. Et à l’environnement qui prévaut chez nous. L’élection de 2009 a révélé à l’opinion que le chef de l’Etat s’est installé à la tête de la République, à la faveur d’un grand réseau. D’un grand réseau frauduleux, d’un concert frauduleux qui implique autant d’intervenants connus et reconnus.
La transition me paraît, à la suite de la destitution, la posture dans laquelle, les enfants du pays, les fils de la République devaient pouvoir se retrouver ensemble, pour déterminer le nouveau modèle gabonais. A la suite de quoi, après bien sur la remise en ordre de tout. Nous pourrions bien sur aller aux élections de manière tout à fait sereine".
Il faut donc démêler cet écheveau. Et cela participe à la fois, à redéfinir le modèle gabonais. Le nouveau modèle gabonais. Dans cet esprit, le chef de l’Etat étant impliqué au plus haut point, dans le réseau qui l’a conduit à la tête du pays. Il faut absolument qu’il en réponde. Et les conséquences immédiates de cela, ce qu’il soit destitué. C’est pour cette raison que me semble-t-il, il était important que dans la démarche politique et dans le combat politique qui est le nôtre.
Celui des forces du changement, nous ne devons pas nous départir de ce bénéfice d’inventaire à opérer à partir de ce qui s’est passé en 2009. Parce que c’est fondateur de l’environnement actuel. La définition donc tombe sous le sens. Celle-ci réalisée. Et je suis heureux que tout le monde nous rejoignent. Progressivement. Je pense qu’il est bon que nous puissions nous impartir du temps nécessaire.
A la fois pour la relecture du corpus légal gabonais. Mais également, des procédures judiciaires, pour que nous puissions les configurer aux exigences de la transparence et de la démocratie. Donc, une transition saine et sereine, suffisamment responsable doit être observée par les acteurs politiques gabonais pour réécrire notre modèle. Parce que sinon à défaut, nous continuerons dans le clair-obscur actuel. Et on n’y rate pas. Ou en fait, c’est celui qui détient les armes de la République et les pressions de la République qui en impose. Et place tout le monde sur le fait accompli.
L’élection de 2009 a révélé à l’opinion que le chef de l’Etat s’est installé à la tête de la République, à la faveur d’un grand réseau. D’un grand réseau frauduleux, d’un concert frauduleux qui implique autant d’intervenants connus et reconnus.".
Donc la transition me paraît, à la suite de la destitution, la posture dans laquelle, les enfants du pays, les fils de la République devaient pouvoir se retrouver ensemble, pour déterminer le nouveau modèle gabonais. A la suite de quoi, après bien sur la remise en ordre de tout. Nous pourrions bien sur aller aux élections de manière tout à fait sereine. Et les élections qui elles porteront celui d’entre nous à la tête du pays. Et les autres le soutiendront derrière. Donc, la DTE, destitution, transition et élection, me paraît être la réponse sécurisée et cohérente. Pour pouvoir approcher les solutions de de notre République de façon tout à fait cohérente.
► Expliquez à l’opinion de manière concrète comment comptez-vous y parvenir ? N’est-ce pas de l’ordre de l’utopie de penser qu’Ali Bongo s’étant déjà déclaré pour la prochaine présidentielle 2016 se retirerait à cause d’une méthode dont on pressent la difficulté que vous avez à démontrer l’opérationnalité ?
Moukagni-Iwangou : Alors l’utopie ou l’illusion c’est aussi un peu le rêve. Et le rêve est dans la perspective. Le rêve est porteur, me semble-t-il à certains égards, de ce souci d’innovation. Oui, nous voulons innover. Maintenant vous dites que le mode opérationnel n’est pas visible. Mais il l’est. Il l’est d’une clarté. En saisissant la Haute Cour de justice, nous montrons bien que nous attendons nous servir de l’arsenal juridique républicain pour pouvoir parvenir à cela. C’est simplement qu’en face, nous constatons que nous n’avons pas de républicains au sommet de la République.
En saisissant la Haute Cour de justice, nous montrons bien que nous attendons nous servir de l’arsenal juridique républicain pour pouvoir parvenir à cela".
Puisque si tel était le cas, la Haute Cour de justice existerait. Rappelons que dans sa mise en œuvre, elle n’a pas à être mise en place lorsqu’une affaire arrive. La Haute Cour de justice est une juridiction non permanente. Je redis, non permanente, en ce que, elle ne travaille pas au quotidien.
C’est une juridiction qui est parfaitement configurée pour répondre aux demandes de justice. Puisque ses membres y sont nommés pour un mandat de trois ans, chaque fois. Oui il pourrait arriver que pendant une mandature il n’y a pas assez des tenants lieux. Mais l’urge existerait.
Sauf que là on se rend compte, la loi a prévu que ses juges soient nommés, tous les trois ans, par les autorités des nominations. Mais à la vérité jamais ils n’ont été désignés. De sorte qu’en fait avec la main de la loi, qui prévoit que cette juridiction existe ; la main opportune des membres du régime a tout fait pour qu’elle n’existe pas. Donc, le débat n’est pas de notre côté.
La préoccupation est dans les mœurs de la République le régime au pouvoir de manière pratique organise l’impunité. Et, place l’Etat au-delà la loi. En dehors de la loi. Alors, la justice rendue au nom du peuple gabonais qui doit pouvoir avaliser. Si les mandataires qui sont les juges, les délégataires disons, que sont les juges à la fois n’a pas été misent en place pour tous ces sujets. Le peuple prendra ses responsabilités. Voilà ce qu’on dit.
► Lors de votre présidence du Front, vous avez mené une bataille pour que justice soit faite au nom du peuple gabonais, concernant les révélations tonitruantes faites par Mediapart à propos de la pieuvre Delta Syngergie. Système de captation et de prédation de tous les pans économiques du Gabon menées par la holding familiale Delta Synergie appartenant aux Bongo Ondimba. Qu’est-ce qu’il en ressort de nos jours ?
Moukagni-Iwangou : Je dirai nous sommes, non pas à la case départ. Mais en train de conforter nos convictions sur la démarche à entreprendre. A ce jour, nous faisons le tour de la documentation nécessaire. Parce que le moment venu, nous reviendrons avantageusement devant les juridictions compétentes, pour pouvoir effectivement avoir une suite. Ce qu’il faut comprendre, c’est que le phénomène criminel est établi. Crime économique, j’entends.
Puisque aux termes de la Constitution de la République, il est consacré le fait que, les fonctions de chef de l’Etat sont incompatibles avec l’exercice de toutes autres activités publiques ou privées à caractère rémunérateur".
Puisque aux termes de la Constitution de la République, il est consacré le fait que, les fonctions de chef de l’Etat sont incompatibles avec l’exercice de toutes autres activités publiques ou privées à caractère rémunérateur. Et il se trouve que lorsque Monsieur Omar Bongo a été rappelé à Dieu, sa famille a commis l’audit de Delta Synergie. Révélant au monde, que la fortune laissée à ses fils a été constituée à la faveur des activités commerciales.
Ce qui s’inscrit en porte e faux avec les dispositions pertinentes de la Constitution. A partir de là, il faut effectivement faire le point. Mais tout le point du phénomène criminel. Et le moment venu, voir comment saisir la juridiction. Et quelle juridiction.
► Des divisions sont perceptibles au sein de l’opposition depuis l’adoubement de Jean Ping à la candidature unique. Quand bien même vous avez récemment appelez à l’union sacrée de toutes les forces de l’opposition pour faire barrage à la candidature d’Ali Bongo. Pensez-vous cette fois-ci parvenir à l’unité afin d’accroitre vos chances de battre le candidat du pouvoir ? Quels sont aujourd’hui vos rapports avec Jean Ping ?
Moukagni-Iwangou : Je ne parlerai pas de divisions. Je préfère parler de clarification. Je pense que par la pratique, nous avons identifié les points qui nous divisent. J’ai lancé un appel à l’union sacrée, pour que chacun dans sa différence puisse évaluer la contribution qu’il doit apporter à cet effort républicain nécessaire pour libérer le pays. Ça c’est l’essentiel.
J’ai lancé un appel à l’union sacrée, pour que chacun dans sa différence puisse évaluer la contribution qu’il doit apporter à cet effort républicain nécessaire pour libérer le pays. Ça c’est l’essentiel".
Et à ce titre Monsieur Jean Ping est un acteur important qui doit prendre toute sa place dans ce débat. Nos rapports sont tout à faits normaux. Et ils sont appelés à s’améliorer il me semble. En tout cas, tel est mon désir.
Parlant de la désignation comme candit unique de l’opposition, Jean Ping par les seize partis de l’opposition, je les reconnais le droit de pouvoir à s’organiser. Tel qu’ils ont estimé à avoir à le faire. Oui, je n’ai pas partagé cette manière de le faire. Mais, la République est l’espace de liberté. Ils sont parfaitement libres d’exercer dans le sens qui leur plait. Le plus important est que nous puissions parvenir au résultat commun. C’est-à-dire libérer le pays.
► Candidature unique. Etes-vous toujours porteur de l’idéal d’une candidature unique de l’opposition ? A quelles conditions ? Quelle serait pour vous la méthode de désignation cohérente ? Seriez-vous candidat à la présidentielle de 2016 ?
Moukagni-Iwangou : Sur la méthode, je ne peux pas me prononcer avant que le Front ne le fasse. Il est important que la réflexion se fasse au sein des différents états-majors. Oui nous portons l’idéal de proposer aux gabonais, un candidat qui représentera le Front dans notre configuration. Et à ce titre, mon parti va tenir un congrès au cours duquel, il va avoir à se prononcer sur la présentation ou la désignation d’un candidat à la primaire. Au cours de ce Congrès, je n’en ai pas la conviction de fédérer toutes les autres factions de l’UPG.
Parce que naturellement, dans la petite ville de Ndendé, j’imagine que les milliards de la République dont les populations de Ndendé sont privées seront à l’ordre du jour. Pour leur faire miroiter un bonheur qui n’existe pas".
Vu qu’on m’annonce que Monsieur Mboumba Nziengui, tiendra un Congrès à Ndendé. Mais celui qui nous allons tenir de manière régulière est d’installer une nouvelle direction du parti. Nos dissidences en interne du fait d’une question de leadership. Cela a conduit M. Mboumba Nziengui de se rapprocher du pouvoir, qui est du ressort du mystère. Donc cette direction est totalement réfractaire à la fois à la tradition et au combat du parti.
Je vous annonce officiellement que je présenterai ma candidature. Naturellement, au Congrès de mon parti. Et si mes collègues agréent cela, l’UPG pourrait présenter ma candidature aux primaires du Front.".
Et là-dessus je voudrais à appeler les Upgistes à rester vigilants. Pour ne pas se laisser abuser. Parce que naturellement, dans la petite ville de Ndendé, j’imagine que les milliards de la République dont les populations de Ndendé sont privées seront à l’ordre du jour. Pour leur faire miroiter un bonheur qui n’existe pas. Juste pour les besoins de la cause.
Nous sommes à 4 ou 5 mois de l’élection. Mais ça me paraît être un délai suffisant pour nous permettre de mettre en place notre agenda".
Pour revenir sur votre question, je vous annonce officiellement que je présenterai ma candidature. Naturellement, au Congrès de mon parti. Et si mes collègues agréent cela, l’UPG pourrait présenter ma candidature. En tout cas, qui sera retenue par le Congrès. Parlant du timing à l’approche de l’élection présidentielle, d’abord il faut indiquer qu’il n’est pas tard du tout.
Je voudrai réfuter l’argument qui dit qu’il est trop tard. Nous sommes à 4 ou 5 mois de l’élection. Mais ça me paraît être un délai suffisant pour nous permettre de mettre en place notre agenda. Alors, il se trouve que malheureusement la démarche erratique du chef de l’Etat semble donner la mesure du débat. Mais il n’en est rien du tout. A cinq mois de la fin de son mandat Monsieur présente sa candidature.
Et se trouve privé des ressorts utiles au fonctionnement de la République. Et tout le monde pense qu’Ali s’étant présenté. Il faut se précipiter. Non. L’agenda du front se fera parce qu’il doit se faire. Et nous disposons du temps nécessaire et suffisant pour faire le tour du Gabon. Pour tenir nos corpus nécessaires. Pour tenir une primaire citoyenne, qui va inviter les gabonais à prendre part au processus de désignation. Nous n’irons pas à des conclaves restreints pour désigner qui que ce soit. Le peuple doit désigner son candidat.
► Nous assistons depuis la déclaration d’Ali Bongo à sa réélection présidentielle, à un climat de précampagne au Gabon. D’ailleurs plusieurs ministres et hauts cadres affiliés au pouvoir sont désormais sur le terrain. Quel est votre ressenti par rapport cet état de fait souvent constaté à chaque échéance électorale ?
Moukagni-Iwangou : Je trouve ça regrettable. Je trouve ça regrettable. Et c’est la preuve que le pouvoir en place s’appuie sur l’administration qui elle doit être régie par le principe de la neutralité et l’impartialité. Pour qu’elle soit au service du public. Parce que c’est service publique.
C’est la preuve que nous sommes totalement plongés dans une forme d’illégalité, par le fait de ce régime. Et c’est cela qui justifie que je puisse appeler à ce que nous offrions une chance à ce pays de se renouveler".
C’est un fait courant et illégal. D’autant plus courant qu’il était tout à fait illégal hélas ! C’est la preuve que nous sommes totalement plongés dans une forme d’illégalité, par le fait de ce régime. Et c’est cela qui justifie que je puisse appeler à ce que nous offrions une chance à ce pays de se renouveler.
Parce qu’il s’est totalement fossilisé. Et comprenez qu’on ne puisse accepter que ce pays soit réduit à l’état d’un fossilise. Ceci montre bien à la fois le peu de culture. Mais surtout, toute cette espèce de tradition malveillante qui s’est installée par la mauvaise pratique du gouvernement et du système en place.
L’administration est impartiale. A ce titre-là, elle doit être totalement. Mais alors totalement laissée à la marge du phénomène politique. Or, hélas, les pratiques se sont incrustées. Le pays s’est faucillisé dans les mauvaises pratiques. Il est bien que l’administration reste en dehors du jeu politique. Pour qu’elle puisse servir le public. Parce que c’est un service public.
► Trois députés frondeurs du mouvement Héritage et modernité, Barro Chambrier, Michel Menga et Jonathan Ignoumba ont été exclus du parti au pouvoir. Quel commentaire faites-vous ?
Moukagni-Iwangou : Il faut se garder de rester en la marge. En surface. Il faut voir le phénomène dans sa profondeur. Le parti démocratique gabonais, dans sa pratique de la politique n’a que de démocratique hélas, que de nom. Interrogeons déjà les conditions de sa création.
Le parti démocratique gabonais, dans sa pratique de la politique n’a que de démocratique hélas, que de nom".
Ce parti se crée en 1967. Dans un environnement multipartite. A la faveur d’une ordonnance. Donc que le chef de l’Etat pendant l’intercession, pour dissoudre les partis politiques et créer un. Vous voyez que dès le départ, le fait accompli préside à sa mise en en place. A sa création, celle de la volonté d’un homme qui décide. Et qui en impose à tous.
C’est l’entourloupe qui est proposée à la République. Et j’espère que les membres d’Héritage et modernité et surtout les démocrates sincères qui sont au PDG seront se mettre au-dessus de la mêlée".
Et ce qu’Ali Bongo fait aujourd’hui, n’est que la reprise de ce qu’il a fait en 2009. Et hélas montre bien à l’opinion que dans ce parti-là, plus on veut de la clarté, plus on va dans l’obscurantisme le plus complet. Et ce qui est a regretté, car on le retrouve qui a été. Et qui pense que l’entourloupe doit faire figure de règle. C’est l’entourloupe qui est proposée à la République. Et j’espère que les membres d’Héritage et modernité et surtout les démocrates sincères qui sont au PDG seront se mettre au-dessus de la mêlée.
Parce qu’il faut que la démocratie s’impose dans nos différents mouvements politiques pour qu’elle puisse déteindre sur toute la nation toute entière. C’est malheureux pour ce qui se passe au sein du PDG. Mais, je constate que, hélas, que c’est un peu ça leur crédo. Trompez. Trompez. Et trompez toujours, pour en imposer. Sauf que maintenant ce n’est plus possible au niveau de la République.
Propos recueillis par Rostano Eloge Mombo Nziengui
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