Jean Ping : « Ceux qui ont fait le système Bongo ont la responsabilité aussi de le défaire »
Dans une interview exclusive accordée jeudi à Info241 à Paris, Jean Ping en « Président élu de la République gabonaise », a réaffirmé son engagement à faire intervenir la communauté internationale pour une médiation afin de réaliser rapidement, dans un climat pacifique une passation de charge entre Ali Bongo et lui.
Le diplomate gabonais qui a entamé une tournée internationale par l’Europe qui s’acheminera en Afrique, demeure confiant sur sa prise de pouvoir au Gabon. Il éclaire la lanterne sur les objectifs de cette action diplomatique, tout en brossant une critique acerbe du régime de Libreville qui « gouverne le Gabon par la force des armes, par la torture, par des emprisonnements, des arrestations arbitraires. En un mot par des violations flagrantes des droits de l’homme et des libertés publiques ».
L’ancien président de la Commission de l’Union africaine pointe la responsabilité de tous les réseaux qui ont fait le système Bongo, au pouvoir depuis 1968 au Gabon, à le défaire afin qu’une alternance démocratique exprimée dans les urnes, le 27 août 2016 par le peuple gabonais, soit réalisée sans heurts en évitant un bain de sang. D’où son choix d’une action diplomatique concertée avec toutes les institutions et pays démocratiques qui ont à cœur le respect de la paix et de la démocratie dans le monde.
L’intégralité de cette interview exclusive :
Selon Jean Ping qui revendique toujours sa victoire à la dernière élection présidentielle, les institutions qui constituent la communauté internationale, à l’instar de l’Union Africaine, l’Union Européenne et plus récemment l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) ont attesté que les résultats des élections du 27 août 2016 n’ont pas été « sincères », et que c’est lui qui a remporté ce rendez-vous électoral majeur au Gabon.
Et donc, a martelé le diplomate gabonais, cette même communauté internationale qui a appelé à suivre les voies légales de recours pour contester « l’élection frauduleuse d’Ali Bongo à la tête du Gabon » doit accompagner le Gabon à travers une médiation internationale pour qu’une passation de charge se fasse dans un délai optimal et en toute quiétude. Elle a produit des rapports qui attestent que les élections présidentielles ont été entachées « d’irrégularités » et « d’anomalies évidentes ». Et que tout son espoir n’est pas tourné uniquement sur cette communauté internationale, mais que surplace au Gabon, une solution interne se fera légalement. Les institutions et associations mondiales qui veillent aux droits de l’homme sont saisies sur le cas du Gabon.
C’est pourquoi a déclaré Jean Ping « le premier objectif de cette tournée internationale est que la communauté internationale puisse reconnaître la vérité des urnes, c’est-à-dire d’affirmer ce que tout le monde sait : que c’est moi qui a gagné les élections. Le deuxième objectif est de faire en sorte que la passation du pouvoir entre l’usurpateur et moi, se fasse de manière pacifique, sans trop de risques d’effusion de sang. Et donc j’ai indiqué dans un communiqué que je venais en France, que j’allais à Bruxelles, voir l’Union européenne, que j’allais en Allemagne voir les services de madame Merkel, et que j’irai éventuellement aux Etats-Unis. Et je repars au Gabon. Et du Gabon, j’irai voir les pays africains, je ferai une tournée africaine et consulter l’Union africaine ».
Jean Ping fait un diagnostic acerbe dans la situation sociale, économique du Gabon, « Le Gabon est aujourd’hui un pays mort, ce n’est pas une ville morte, mais un pays mort. On ne travaille plus. Rien ne bouge. Les entreprises ferment. Le chômage est devenu massif. Les écoles ne marchent pas. Les hôpitaux ne marchent pas. Rien ne marche au Gabon. C’est un pays mort. Et n’imaginez pas que c’est arrivé comme ça par la grâce de Dieu, ça été organisé. Nous avons indiqué que la première démarche de notre action serait de rendre le pays ingouvernable. Le pays est devenu totalement ingouvernable. Il n’y a plus d’argent. Les députés et sénateurs PDG restent deux mois sans salaires. Les gens ne sont pas payés. Les entreprises ne sont pas payées. La dette est devenue colossale. Le pays est à l’agonie ».
Propos recueillis par Rostano Mombo Nziengui
@info241.com